dimanche 9 mai 2010

Aragon et l'art moderne, roman


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L'Adresse Musée de la Poste (quel nom !) expose des tableaux, des objets et documents ayant appartenu à Louis Aragon, poète surréaliste, romancier communiste, fondateur de l'hebdomadaire  littéraire "Les Lettres Françaises" (1941-1972). Certains des éléments exposés se trouvaient dans l'appartement ou dans la maison du couple Elsa Triolet / Louis Aragon. Ces oeuvres (150) ponctuent presque un siècle d'histoire littéraire et artistique, d'histoire politique aussi. Aragon, qui s'est souvent égaré politiquement (mais fut résistant et anti-colonialiste), ne s'est pas trompé quand il s'agissait de peinture. Braque (il achète "Le Grand nu" en 1922, que l'Etat bradait alors comme "bien ennemi" !), Delaunay, Klee, Matisse, Picasso, Chagall, Giacometti, Duchamp, Léger, Man Ray, Max Ernst, entre autres. Quelle collection !

Aragon comme Apollinaire, comme beaucoup de surréalistes, était sensible à la poésie du décor urbain auquel contribuaient la publicité, les commerces, les transports ; en témoignent ici deux tableaux de cette exposition, peu connus  : "Cinémonde", tableau d'Adolph Hoffmeister (1965, un collage avec nom de marques, tickets de métro, etc.) et celui de Bernard Moninot, "Station service" (1972) où Aragon percevait "une figuration du silence" et que l'on placerait volontiers sur l'autoroute de Edward Hopper (Four Lane Road).

Entremêler peinture, roman, poésie et théâtre, photographie a été l'ambition esthétique d'Aragon. "Henri Matisse, roman" témoigne dans son objet, et plus encore dans sa forme, de cette ambition. Cette exposition, fidèle à cette ambition, est aussi un roman.
Le musée s'est mis au numérique, accueille les visiteurs d'un écran plasma et propose des liens à ses clients sur Internet, sur Facebook.
Une campagne publicitaire classique, tout papier, est affichée dans les couloirs du métro, invitant les voyageurs à visiter l'exposition. Mais on se prend à rêver qu'une telle campagne, autrement conçue pour ce nouveau support, élégant, dynamique, s'empare des mobiliers numériques que Métrobus installe actuellement dans le métro. Il est temps que le "musée imaginaire" prenne le métro.
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